Le rôle du gouvernement central espagnol dans un État à niveaux multiples
In: Revue internationale des sciences administratives: revue d'administration publique comparée, Band 76, Heft 3, S. 495-514
ISSN: 0303-965X
Résumé La structure politique espagnole est passée, ces trois dernières décennies, d'un système centralisé à un système quasi-fédéral, qui présente les caractéristiques d'un modèle à compétences partagées avec des compétences qui se chevauchent d'un niveau de gouvernement à l'autre. Le nouveau système a entraîné une évolution des fonctions du gouvernement central, qui a renoncé à la prestation de service au profit de la planification et de la formulation des politiques. Dans le présent article, nous allons plus loin que l'étude de la fonction hiérarchique/non hiérarchique du gouvernement central que l'on retrouve dans les études intergouvernementales et appliquons des notions de contrôle comme la supervision, la réciprocité, la concurrence et le hasard artificiel (« contrived randomness ») issues de la théorie culturelle du « grid-group » afin d'examiner sur le plan empirique l'évolution du rôle du gouvernement central dans les relations intergouvernementales. Même si les caractéristiques institutionnelles de la structure politique espagnole sont censées favoriser les relations intergouvernementales coopératives et une fonction de médiation du gouvernement central favorisant les relations (entre pairs) réciproques des régions, le texte laisse entendre que la pratique institutionnelle et la « jeunesse » du processus de décentralisation espagnol sont responsables de l'orientation prise par la structure étatique espagnole. Le système est caractérisé par un gouvernement central toujours ancré dans l'inertie de la supervision (avec des exemples de cas où il a encouragé la réciprocité à certains moments et dans certains domaines stratégiques) et par des régions à la recherche d'unilatéralisme au moyen d'un hasard artificiel. Remarques à l'intention des praticiens Dans le présent article, nous tentons de découvrir deux aspects distincts du rôle du gouvernement central dans les relations intergouvernementales. Premièrement, nous ne respectons pas l'axe traditionnel (hiérarchie et autonomie) entre le gouvernement central/fédéral et les régions/États lorsque nous examinons les relations intergouvernementales en incluant des cas de concurrence et de collégialité entre les parties constitutives. Deuxièmement, nous partons du principe que les premières étapes des relations intergouvernementales ont des chances d'être conflictuelles, indépendamment du modèle institutionnel (coopératif) formel du système. En reconnaissant cela, les promoteurs de la décentralisation devraient être conscients non seulement des aspects formels de la coopération, mais aussi des mécanismes informels permettant de renforcer les pratiques coopératives.