Les forêts du Midi décrites comme dévastées au XVII e siècle sont-elles une construction culturelle ?
In: Histoire & sociétés rurales, Volume 52, Issue 2, p. 39-66
ISSN: 1950-666X
Entre 1661 et 1685 , Jean-Baptiste Colbert lance sa grande opération de réforme des Eaux et Forêts de France, la Grande Réformation. Simultanément, des commissaires arrivent dans tous les départements forestiers du royaume pour remédier aux abus, relever les forêts et revenir à un état antérieur perçu comme idéal. Dans le Midi, Louis de Froidour découvre des sylves ruinées, abandonnées aux communautés d'habitants et à leurs innombrables bestiaux. Ses descriptions à Colbert font écho à la littérature eschatologique des forestiers du Grand Siècle : pour eux, la disette de bois menace. Pourtant, l'étude quantitative des archives de Froidour livre une autre réalité : bien qu'abimées par les usages locaux, les forêts fournissent les secours attendus par les populations. Mieux, ces dernières protègent autant que possible les peuplements ligneux. Ce décalage entre ces deux perceptions amène à reconsidérer l'action des agents du roi : et si ces forêts « dévastées » n'étaient qu'une représentation culturelle ?